Laure a 27 ans. Elle fait le bilan de sa vie jusqu’à maintenant. Pas énormément de choses à en dire, du moins pas autant qu’elle aura vécu dans 40 ans.
Un seul mot ressort de tout ce début de vie : Moins.
Fille aînée d’une famille de trois enfants, c’est peut-être sa seule victoire. Tout le reste, ce n’est que débris ratés d’un premier jet.
En tout cas, Laure a souvent l’impression d’être l’ombre de quelqu’un d’autre.
Cependant, mademoiselle Laure aimerait être mademoiselle « Plus », au lieu de mademoiselle « Moins ». Elle est moins que tout le monde. Et quand on lui attribue l’adverbe « plus », c’est toujours pour dire quelque chose qu’elle a en moins comparé à un modèle au-dessus d’elle : plus petite, plus fine, voix plus fluette, etc.
A 27 ans, elle a encore l’impression qu’on la considère comme une enfant. On ne s’adresse pas directement à elle, peut-être ne peut-elle pas comprendre ?
En amour aussi, la même histoire se répète : elle vient souvent après une grande et belle histoire, et les sentiments qu’on éprouve pour elle sont bien souvent moindres par rapport à l’histoire ancienne.
Mais, comme je l’ai dit, mademoiselle Laure aimerait être plus. Elle voudrait être une sorte d’idéal, un modèle auquel on se référerait.
Pour l’instant, c’est elle qui a l’impression d’être bas de gamme, d’être la version diminuée du modèle parfait qu’elle voudrait tant être.
Le problème, c’est que cette part qu’elle n’a pas, toutes les choses qu’elle a en moins, c’est aussi de l’estime d’elle-même qui est enlevé.
Habituée d’être mademoiselle Moins, elle s’aime elle-même moins. Peut-être est-ce là son véritable drame. Laure a toujours eu besoin, dans sa vie, d’exister à travers une personne. Elle n’arrive pas à être sa propre référence. Elle a toujours vu sa valeur dans les yeux des autres : une mère, un prof, une amie, un petit-copain…
Laure est triste, et elle se demande si son prénom ne serait pas l’explication d’une infériorité originelle : en effet, Laure tient son prénom de la seconde partie de celui de sa grand-mère : Anne-Laure.
Bref, mademoiselle Laure voudrait être un diamant.
Bel article :). Si je devais chipoter, je dirais que je n’ai pas tout à fait compris la dernière partie de cette phrase : « Pas énormément de choses à en dire, du moins pas autant qu’elle aura vécu dans 40 ans ».
Merci Vincent ! Je suis d’accord que le bout de phrase que tu as cité n’est pas très clair, voire incompréhensible, mais c’était pour dire qu’elle aura certainement plus de choses à dire que quand elle aura 40 ans, tout simplement parce qu’elle aura plus vécu. 🙂